Le plessis du jardinier

Qu'est-ce qu'un plessis ?

Hérités du latin plectere signifiant « tresser » ou « entrelacer », le plessis désigne à l'origine une technique ancestrale quasiment disparue de tressage des branches dans les haies vives. A l'époque néolithique, son but premier était la réalisation d'enclos suffisamment hermétiques pour contenir le bétail et ainsi éviter sa divagation mais aussi afin de protéger les cultures des dégâts occasionnés par les animaux sauvages et domestiques. Aujourd'hui, le mot plessis s'applique aux ouvrages de bois tressés ou entrelacés réalisés avec des branches coupées. Traditionnellement et pour vérifier la triade de Vitruve : Utilitas, Firmitas et Venustas (formule latine qui veut dire « Utilité, solidité et esthétique »), les coffrages mesurent de 1,20 à 2m de côté, pour une hauteur variant de 40 à 50cm. De nombreuses formes sont possibles mais ils sont le plus souvent carré ou rectangulaire et se trouvaient habituellement dans les « jardins de simples » médiévaux.

Appelés aussi en latin hortus medicus, herbularius ou erbarium botanicum, le jardins de simples ou jardin médicinal est un lieu où l'on cultive particulièrement des plantes pour leurs vertus médicinales, tinctoriales et condimentaires appelées également simples ou plantes officinales.

A partir du Vème siècle, après la paix de l'ère romaine, plusieurs siècles d'insécurité suivent. Les jardins se réfugient alors dans des enclos au pied des tours. Le jardin est, avant tout, un jardin d'utilité pour les ordres obligeant au travail manuel. Détenteurs de notions d'hygiène et de médecines, les religieux se consacrent de plus en plus à la culture des simples et autres herbes médicinales. Peu à peu, la phytothérapie (médecine par les plantes) se distingue de la magie et de la sorcellerie, croyance encore fortement encrée dans les mentalités. A cette époque, des plantes comme la Belladone et la Mandragore sont considérées comme diaboliques. Vers la fin du VIIIème siècle, le Capitulaire de Villis (ordonnance royale) de Charlemagne pose les bases de ces jardins en prescrivant la culture de 94 plantes (73 herbes, 16 arbres fruitiers, 5 plantes textiles ou tinctoriales) ainsi que des règles d'observances. Le jardin des simples est un jardin structuré en carré où les allées bien dégagées facilitent l'accès aux plantes pour la cueillette et l'entretien. A la manière de jardinières, les carrés de culture sont surélevés et présentent ainsi plusieurs avantages. Ils réchauffent le sol beaucoup plus vite, améliorent le confort de travail (travail à hauteur). Du point de vue esthétique, les plessis apportent du relief au jardin et sont autant de corbeilles riches de saveurs et de vertus pour le bonheur et la santé des hommes. Dans les plessis du jardinier de la Maison du Cygne, une partie des simples a été remplacée par des espèces potagères afin d'offrir un panel assez large de variétés à la curiosité du visiteur.

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