Situé en bord de mer, entre la pointe du Cap Nègre et le Rayolet, le quartier de la Coudoulière constitue une plaine dominant le rivage.
Le sous-sol de la Coudoulière renferme un important gisement d’argile, propice à l’activité de la terre cuite. La proximité de bois – source de combustible – et l’existence d’une nappe phréatique abondante ne pouvaient que favoriser l’implantation d’une activité de tuilerie briqueterie.
La présence de tuiliers à la Coudoulière est attestée au moins depuis le début du XVIIIème siècle.
Les tuiles et briques sont obtenues à partir d’argile pétrie, moulée puis cuite au four (cuisson perfectionnée par la mise au point en 1850 d’un four innovant à feu mobile continu dénommé four Hoffmann.)
Etienne Boyer (1857-1926), industriel marseillais à la tête de la société des ciments et chaux Romain Boyer, s’intéresse à l’industrie tuilière alors en plein essor. C’est dans le quartier de Six-Fours qu’il décide d’établir un centre de production de terres cuites. Il fonde la société des Tuileries Romain Boyer le 28 mai 1900.
Sitôt formée, la société entreprend la construction de l’usine ainsi que l’aménagement du port de la Coudoulière (1901 – 1903).
La tuilerie – briqueterie est édifiée en 1901. Cette usine, abrite sur trois niveaux le cycle complet de la fabrication des tuiles et des briques.
La société Romain Boyer bénéficie jusqu’en 1914 de la situation prospère du marché des tuiles et des briques. Mais éclate alors le premier conflit mondial qui a de lourdes incidences sur le marché de l’usine.
Un briquetier, deux presses à tuiles au lieu de six en pleine marche et un four à feu continu assurent une production très réduite écoulée localement. En juin 1920, le second four est remis en marche doublant ainsi la production de tuiles qui retrouve progressivement son niveau d’avant-guerre.
La crise économique mondiale de 1929 met fin à une période de prospérité.
La tuilerie Romain Boyer, malgré l’effondrement de ses ventes de tuiles à l’étranger, maintient ses deux fours en activité grâce aux débouchés de la région toulonnaise et de l’Afrique du Nord.
Une nouvelle carrière est ouverte plus près de l’usine afin de faire des économies de personnels et de matériels et ainsi réduire le prix de revient.
A la mobilisation, en septembre 1939, le départ d’une grande partie du personnel ne permet de maintenir qu’une activité ralentie.
L’année 1944 est catastrophique pour l’usine.
Abandonnés, elle et les logements sont pillés et vandalisés. Durant les combats de la Libération, les Allemands sabotent les jetées du port.
En 1945, des prisonniers Allemands et italiens sont affectés à la remise en route de l’usine. Le port est rétabli et dragué en 1948-1949. Dans le même temps, la modernisation de l’outillage industriel est entamée. Avec les deux fours Hoffmann en marche, la production de 1948 retrouve un niveau supérieur à celui de l’avant-guerre. Après les années noires s’opère un regain d’intérêt pour une architecture plus respectueuse de la tradition provençale. La société Romain Boyer acquiert en 1950 la licence de fabrication de la tuile romane. L’engouement est tel que les délais de livraison atteignent 3 à 4 mois.
Grande consommatrice d’argile, la tuilerie devait en permanence recourir à la diversification de ses approvisionnements, pour en maintenir la quantité et la qualité. Le déclin de la production, accentué par la concurrence et les problèmes d’approvisionnement en argile, conduit à fermer les portes de l’usine de Six-Fours en 1967. Elle est démolie l’année suivante.
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